DE LA SODOMIE COMPLÈTE
La sodomie complète est, selon saint-Thomas, l'accouplement avec un sexe incongru, c'est-à-dire d'un homme avec un homme ou d'une femme avec une femme, quelle que soit la partie du corps dans laquelle il a lieu. Que ce soit la vulve par où les femmes essaient ordinairement de se conjoindre, mais en vain, car à l'exception de quelques tribades qui, comme le dit Martial (liv. 1 er , épig. 91), peuvent, par une espèce de prodige, remplir le rôle d'un homme, il ne peut y avoir une véritable conjonction de leur corps ; que ce soit de l'anus, selon l'usage des hommes auquel on a donné le nom de pédérastie ; que ce soit la bouche, ce qui se dit gamahucher ; que ce soit la langue ou tout autre membre dont on abuse, il y a toujours sodomie, puisqu'il y a ce qui constitue la sodomie, c'est-à-dire passion pour un sexe incongru. Mais si cette particularité essentielle manque, et s'il n'y a aucun désir d'effectuer cette criminelle conjonction, les attouchements, même les plus obscènes, entre personnes du même sexe et ayant pour but de produire une pollution plus voluptueuse, doivent être mis au rang des péchés de pollution. Il reste donc un seul point à expliquer dans la confession de ce crime, c'est s'il est aggravé par le cas de violence, d'inceste ou de sacrilège, comme nous l'avons dit ailleurs, car nous n'avons pas à examiner quel a été l'agent ou le patient ni dans quelle proportion chacun a pris part à ce crime. Il y a une notable différence entre le péché de se laisser volontairement polluer et celui de coopérer seulement à la pollution d'un autre, car ne pas refuser de jouir soi-même est autre chose que de procurer seulement cette jouissance à un autre ; et, bien que les auto-sodomites soient ordinairement pollués eux-mêmes, il est certain que la pollution est bien plus volontaire et se fait bien plus facilement chez l'agent chez le patient. Il est d'ailleurs évident que si les rôles sont invertis, c'est-à-dire si le patient devient à son tour agent, la culpabilité s'en trouve notablement augmentée. Si le patient se trouve en même temps pollué, il ne peut taire cette circonstance en confession parce qu'elle constitue deux péchés distincts, celui de la sodomie et celui de la pollution. Malgré son énormité, ce crime était très commun chez les anciens païens, ainsi que cela résulte des historiens et des poètes. Cela n'était pas non plus sans exemple, ni même rare chez les chrétiens, ainsi que le prouve l'universelle réprobation de cette infâmie qui avait été punie par la ruine effroyable de cinq villes. « Le Seigneur fit donc tomber sur Sodome et Gomorrhe une pluie de soufre et de feu et détruisit ces villes avec leurs habitants, ainsi que tout le pays environnant et toute la verdure de la terre. » (Genèse 19). Dans sa première épître aux Romains, l'apôtre présente en ces termes ce crime des philosophes comme étant la punition de leur aveuglement, de leur orgueil et de leur idolâtrie ; « C'est pourquoi Dieu les a livrés à des passions honteuses, car les femmes parmi eux ont changé l'usage qui est selon la nature en un autre qui est contre la nature. Les hommes de même, rejetant l'usage naturel des femmes, on été embrasés de désirs les uns envers les autres, les mâles exerçant une honteuse infâmie sur les mâles, et recevant ainsi en eux la peine que méritait leur égarement. Comme ils n'ont pas voulu reconnaître Dieu, Dieu les a livrés à un sens dépravé afin qu'ils fissent des choses indignes d'eux. »
D'après les lois civiles et canoniques, comme d'après les droit romain, les Sodomites étaient punis de la peine de mort, et une bulle de pie V les prive de leurs emplois, de leurs dignités et de tout privilège clérical.
Référence: D. REN. LOUVEL Vicaire général de l'Evêché d'Evreux. Supérieur du Séminaire de Sées. Traité de Chasteté (1850) À L'USAGE DES CONFESSEURS (Non-accessible au public) DEUXIÈME PARTIE DES PÈCHÉS DE LUXURE COMMIS CONTRAIREMENT AUX LOIS DE LA NATURE CHAPITRE II
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