---------------------------------------------
JOURNAL D'UN QUEERUPTEUSE
[Ce journal est fait à partir des emails envoyés de Tel Aviv par un participant à la Queeruption, riko aka antoine. Le texte a été gardé dans sa forme originale.]
Date: Aug 1, 2006 10:05 AM
Subject: comme un israelien? comme un palestinien?
depuis tel aviv, la tete dans un ventilateur...
trois jours je crois depuis ma derniere contribution alors, je m assois
pour quelque instant.
depuis notre premier dying, nous avons participe a une grande
manifestation contre la guerre qui a rassemble plus de 1500 personnes, ce
qui en comparaison des attitudes largement hostiles qui nous avions recu
auparavent m a plutot rassure.
je realise en ecrivant ce mail que l emploi du je est juste de plus en
plus complique et que le nous va desormais prevalloir. le ressenti
croissant que la vie quotidienne collective s installe.
anyway, cette demo orchestree par les femmes contre la guerre a vu notre
pink and black block faire grand bruit. on se sentait plus fort d etre
relativement nombreux pour denoncer cette guerre si meurtriere. toujours
quelques reactions aggressives mais largement plus contenue au vue de
notre nombre.
j ai ainsi pu apprendre quelques slogans comme'tsahal tse mi lebanon', qui
veut dire armee degage du liban... les autres etaient plutot long et
difficile a retenir. on ressentait une vraie exitation et joie a pouvoir
crier ces paroles que les medias taisent habituellement...
fin de manif tranquille avec pour repas un burger vegan largement
delicieux. et soiree passe en compagnie de uri avec decoouverte des lieux
pd mainsteam de la capitale... ce garcon est formidable, vraiment..
c est tres fort d etre ici a pouvoir passer du temps avec des gentes que l
on connait depuis si peu et parce que l on partage des moments intenses, c
est comme si on se connaissait et on part avec les uns et retourne avec
les autres. j ai vraiment le sentiment de partager une solidarite que sans
doute les conditions de guerre favorise mais malgre cela, l attention de
chacun envers les autres est largement etonnante, rassurante.
le lendemain, le massacre de cana. reveil vers 11 h du matin, il fait deja
tres chaud et on part en action pres de la caserne centrale de tel aviv. a
peine reveille et deja a tenir une banderole pour denoncer ce qui selon
les usa ne constitue pas un crime de guerre... on est la, une vingtene a
brandir nos pancartes alors que militaires et passantes se pressent pour
entrer dans les centres commerciaux climatises alentour... souvent de
jeunes femmes israeliennes s arretent pour nous promettre le pire des
destins sans voir que ce sont des dizaines d enfants qui meurent sous les
bombes mais cette revolte la ne semblent pas les atteindre...
tel aviv est pour cela je crois une ville schizo totale. de la plage on
apercoit les helicopteres de guerre qui partent en croisade contre le
parti de dieu et ;algre ca, on ne peut s empecher de trouver cela
magnifique. j ai du mal a comprendre ce que ressentent les tel avivois non
militants qui vivent comme si de rien etaient, shopping et glace a la
mangue.
on s en fout de arabes, ils peuvent tous crever. incroyable sentiment de
superiorite fasciste des israeliens/ennes sans evidemment faire de
genralite. je me souviens de la comparaison exageree que je faiais entre l
allemagne nazie et le comportement de l etat d israel aujourd hui. et bien
je me rend compte que ce n est pas si loin, disons que en fait, chaque
presonne represente, porte en elle ce fascisme racisme qu elle n a pas de
honte a montrer a defendre, sans que l on puisse identifier vraiement une
classe ou un type de personnes sucesptible d en etre le representant. un
sentiment partage par une grande partie de la population...
plutot effrayant de voir chacun se feliciter de la mort d un homme,
inferieur anyway...
bon voila, je pense que je suis un peu confus mais ici c est aussi ca, une
intensite constante et des gentes merveilleux.
je crois que les israeliennes se sentent un peu isoles car peu de gentes
se deplacent pour les rencontrer, decouvrir leur quotidien alors qu ils
luttent aprement et avec un enthousiasme fou. souvent, on parle de la
palestine sans parler de tous ces gentes qui luttent a l interieur...c est
trop genial de les soutenir aussi...
bon, on a investi depuis 2 jours le lieu ou se trouvera la queeruption. un
club sur 2 etages grand et frais... on est deja nombreuses a dormir la
bas.. il parait comme si ca avait deja un peu commence parce que on fait
des recup de ouf ( juste des tonnes de legumes en parfait etat, du pain
quasi frais et meme des fleurs) les marches ici se tiennent tous les jours
et c est vraiement evident que dans cette ville tu peux te nourrir pour
rien tout en mangeant des produits plus que bon...
c est de plus en plus exitant de voir les queers arriver des pleins de
pays et d etre rejoint aussi par des israeliennes et puis aussi bientot
des palestiniennes.... sans doute certains d entre nous irons dans les
territoires occupes vers la fin de la semaine...
le tout s organise bien en tous les cas...
bon sinon, oui effectivement les israeliens sont plutot beaue t super
avenants... luca est arrive de londres ce matin et c est chouette, plus
que chouette....
comment expliquer que je me sens bien ici, ces gentes cet amour, ces
luttes, cette creativite, cette force commune, cette intensite et cette
peur aussi...
je marche parfois la nuit et je pense a tout ce qui se passe, l horreur du
monde, le bonheur de monde, l envie, le corps, la mort, la brulure, le
sang, la salive et les fruits. la hash, la mer, le sable et les rires, les
larmes, le refus et la cause, le bruit, le bruit, la guerre et le manque.
parfois je m arrete sous une lampe morne et regarde passer ces vies qui ne
me disent rien.
baisers a tout e s.
riko aka antoine
++++++++++++++++++++
Date: Aug 4, 2006 9:35 AM
Subject: on y est...
pas facile de trouver le temps de donner des nouvelles car queeruption a
bien commence...
workshop, cuisine collective, discussion informelle, organisation et autre
decouverte corporelle pas simple de s eclipser pour quelque instant afin
de vous commiuniquer mes ressentis.
enfin, je m y met et j aime ca...
encore des tonnes d evenements disparates et j ai du mal a organiser mes
souvenirs alors parlons de ce qui m a frappe.
la veille du lancement de queeruption, lilith, une sorciere queer pagan,
tal, lene, lucas et moi sommes allez a jerusalem. fini la moiteur
constante de tel aviv pour atteindre enfin un climat plus sec et ce n est
que le debut. 'parti acheter des herbes magiques et autres necessaires a
potion, et apres un tour dans le tres beau marche de jerusalem, rien n
indiquait que nous nous trouvions dans la ville aux mille supplices, dans
la ville aux mille desastres.. une ville propre, entretenue etc... ceci en
occultant le fait que ce jour la etait la veille de la commemoration de
la destruction du temple, dont le mur des lamentations en est l ultime
vestige, une mosquee tronant fierement a sa place conquise. etrangement, l
energie religieuse, belliqueuse de cette ville mythique me prend au
ventre. nous essayons naturellement d acceder a la vieille ville mais tout
d abord l entree nous est refusee. nous sommes juifs et ne pouvons pas
acceder au quartier musulman. en effet, la vieille ville est scindee en 3
quartiers, juif, muslim et chretien. drole de segregation que je subis
pour la premiere fois en israel, de peur de n etre qu un
fondamentaliste horthodoxe venu pour allumer les braises du chaos ambiant.
anyway, nous entrons dans la vieille ville, celle des cartes postales,
ciel bleu ciel et dome tout or... je respire deja moins alors que nous
entrons dans le saint sepulcre, tombe du fameux jesus, fouteur de merde
mondialement connu. une sollenite que rarement je dois subir, epaule
couverte et chant gregorien lancinant. jesus died and recovered here? ca a
l air d une blague soudainenement et pourtant il parait que cela est vrai.
je suis silencieux face a ce morceau de mon histoire, celui dont la parole
a berce mon enfance... j y crois a peine et pourtant ressent quelque chose
de terriblement fort, intense. je fuis avec les autres.
le mur des lamentations. nous parcourons les ruelles sombres et de plus en
plus deserte de la vieille ville pour atteindre ce fameux mur, un de plus,
quelques pierres pour un paradis de violence.
pour y acceder, des detecteurs de metaux, vider ses poches faces a des
kalachnikov, absence de sourires, tensions.
nous entrons finalement pour se confronter a quelque millier d annees d
histoire, chaque pierre d une epoque differente, la base, l avant
supportant les recentes. j hesite tout d abord a m approcher pour enfin
laisser mon sac et partir seul vers ce mur aux mille complaintes, aux
milles messages, souhait espoir.
a mesure que je me fraie un chemin a travers kippas et chemise blanche,
casquette visee sur ma tete circonspecte, je sens une energie repoussoir,
une convulsion malefique, je tente cependant d ignorer ces hommes, car c
est non mixte, qui balancent leur tete consencieusement d avant en arriere
en marmonnant d etranges prieres car je veux comprendre l enjeu d une
telle bataille.
echec. a deux ou trois metres, je stoppe, ne peux plus faire un pas, c est
trop noir, trop sombre, trop violent.comme avancer dans un tunnel sombre
ou des flammes vous attendent.. je recule et rejoint les autres.
cette description un peu longue pour expliquer le ressenti, jerusalem ou
le coeur du traumatisme inguerrisable, ou la foi inalienable de ces fous
du Dieu meles aux mitraillettes a chaque croisement. un enferment qui fait
peur, qui ettouffe et dont toute solution semble de la taille d une
particule elementaire. j ai aime quitter jerusalem sous le joug sonore des
prieres des musulmans, dans cette magnifique nuit ou rayonne la puissance
terrible de ce berceau maudit de l humanite.
nous rentrons a tel aviv, moiteur exquise d une ville moins complexe ou
les regards moins pesant vous font aimer la salete et les ruines d une
ville qui a des difficultes a dissimuler sa reelle pauvrete.
back to tel aviv et queeruption commence. nous sommes nombreux, peut etre
une centaine reunis dans ce club, drole inattendu. la vie collective s
organise et je ne me sens pas tres bien. apres une semaine d actions,
protests, demonstrations, il faut a nouveau trouver sa place, comprendre
pourquoi on est la. alors, je pars faire la cuisine, des kilos de riz, de
delicieuses lentilles. on a chaud a fumer du shit la tete dans ces enormes
casseroles. je pars seul a velo chercher des couteaux, me perd un peu,
apprecie ces quelques moments d abandon.
visite collective de jaffa, je prefere rester sur le lieu et nous restons
quelques uns a tenter de dechiffrer notre avenir dans le marc de cafe.
experience geniale ou des magnifiques propheties se dessinent comme des
fresques minutieuses ou tout est symbole, ou tout a du sens.
pour ma part, nous voyons cet homme oiseau dos a la falaise et cette
vieille femme autour de son pot, des vague et de la poesie, ca m a plu.
je rencontre levinsky, un gars sans pareil, autonome et plein d entrain.
il est drole et souris tout le temps. nous partons fumer des joint dans l
unique squatt d israel, une enorme batisse en plein coeur de florentin,
ils parlent tous hebreu et fume des bangs a repetition. certains nous
quittent. pour recuperer de la nourriture gratis, ils travaillent a tour
de role dans des restos a houmous ou ils font le menage et ca marche. ils
reviennent avec un butin assez consequent. voler en travaillant s avere
etre une techniqe forte efficace.
demain, je retourne a jerusalem pour aller dans les territoires occupes et
decouvrir cet autres mur, beton, contemporain de tout l echec de la
contruction de la region avant d enchainer une manifestation a tel aviv
contre la guerre cette fois.
je viens de finir un atelier de preparation pour une manifestation la
semaine prochaine en palestine, a bil'in.
ce week end devrait etre palestien ou certaines viendront, illegalement a
notre rencontre pour parler, echanger, expliquer comment ils vivent, leur
quotidien.
securite maximum, confidentialite oblige sur cet evenement, ces gentes
risquent leurs vies en se deplacant jusqu ici. prison en israel,
assassinat homophes/lesbophobe en palestine.
j aime etre ici,comme a l affut et au soutien de tout e s ceuxcelles qui
luttent dans des conditions tellement inhabituelles et finalenemt
tellement radicales.
hier, je realisais que je rentrais en france dans 2 semaines. je
commencais a croire que ma vie etait a ce carrefour sanglant, intensite d
un temps elastique ou les semaines ressemblent a des annees. j aime les
resistances que je rencontre, les partage et suis souvent emu.
le soleil du moyen orient est maintenant un peu le mien. on se serre fort
dans les bras , on se donne beaucoup d amour, je suis aussi triste comme
je souris en permanence...
juste incroyablement la vie.
je pense a vous tendrement
antoine aka Riko
+++++++++++++++
Date: Aug 8, 2006 7:37 AM
Subject: levinsky et compagnie
quel jour est on aujourd hui?
il semble que le temps ait perdu toute rationnalite par ici...
je vous ecris, une pensee a chacun d entre vous. je crois qu ici, tout est
decuple est c est parfois un peu difficile..
il y a ce garcon, terrible remcontre, levinsky, que je cherie deja comme
un bouddha terrestre. il faut que je vous en parle car j en souffre deja.
nous avons passe quelques jours ensemble, a rire, encore et encore, a se
raconter, tel aviv sud, la recup, la musique, ses combats, sa politique,
et plus que tout sa purete que je ne peux que digerer avec difficulte. il
faut que j exorcice cette obsession que se terre entre mon coeur et mes
tripes. ils sont des centaines a mourir autour de nous et pourtant mon ame
se penche sur son aura, magnifique. je suis le premier homme de sa vie,
comme la reponse a une attente et mes yeux qui clignent lorsqu il s
approche pour juste me regarder. mon espace semble parfois trop etroit
pour accueillir tout cela alors, indigeste, crise de foi, je vire et volte
d un hangar ou preau, imaginant que ce qui arriva va de nouveau se
produire.
la tension, la guerre, les missiles et les politiques qui pleurent en
direct a la television. c est un quotidien que nous partageons comme une
meta realite, on attend les bombes sur tel aviv car c est dur d etre
ceuxcelles qui sont epargnees.
hier soir, performances, drag kings shows, antoine en maitre de ceremonie,
salopette rose pour unique costume. la foule qui rit, qui crie, applaudit
et les tours s enchainent. on pense au courage de ceuxcelles qui s amusent
des hommes, ftom d une intensite renversante. on partage car c est la
guerre, la destruction. il nous reste absolument a embrasser la joie qu au
moins on ne nous volera pas. les regards se tournent a present sur rafat,
homme femme aux yeux terrifiants, play back revolutionnnaire des chants de
la palestine, un drapeau du pays meurtri comme seul proselytisme de sa
peine, de sa tritesse aussi. nous sommes des dizaines, des corps entiers
rives sur cette image sans intensite pareille. des poings se levent,
palestine, lutte, amour, pourquoi? incarnation surrealiste des combats, de
l occupation au genre, de la vie a la mort.
je parle rapidement a lisar, mtof qui passe ses journees a s occuper des
enfants dans les abris anti bombes au nord d israel. ils jouent parait il
alors que se declenchent la sirene, lentement, ils se deplacent en se
tenant la main, jusqu au beton pas toujours assez solide. ils chantent
parait il pour ne pas trop entendre les impacts, les effondrements, les
boums, les ressonnances, echos de la guerre aveugle,celle que les journaux
ici glorifient comme le salut a l insupportable terrorisme.
les gentes d ici font tout pour que nous puissions comprendre un peu
plus, les colonies, jerusalem. jerusalem ou nous devons aller manifester
pour nous , fierte des anormaux, des fous promis a l enfer dans la ville
aux saintetes improbables. ils seront des milliers a se rassembler pour
nous empecher d etre fieres et visibles. un stade entier ou la haine aura
pour compagnon la bible, la torah ou encore la coran. quelle salut de
savoir que les religions, foyer de mille tracas, pevent parfois s unir
contre ceuxcelles qui ne leur ergardent meme plus.
on se prepare a quelque chose d assez terrifiant.
ma vie s est tranportee sans encombre dans ce nouvel espace ou les larmes
seches encombrent encore mon ventre et mes oreilles. ca bourdonne sous le
soleil, les ongles noirs de crasse et les yeux brillants du "wahou" qui ne
se termine plus.
parfois je pense a mon retour en europe comme un abandon, une lachete,
ineluctable, marcher sur la tete, fontaien d eau claire ou il fait si bon
respirer.
je prend a coeur la souffrance des hommes et femmes sans destin
imaginable, les fuites, exode totale, et puis je ris, j espere, levinsky
encore rendu a quart aveugle par une flash ball policiere alors qu ils
etaient des centaines a dire non a la terreur.
israel, un pays fasciste? disons qu il porte les stigmates de la
repression a tout va, de l occupation sans condition, des assassinats sans
preemption.
et malgre tout ca, ce soir sex party, melanges des corps, exploration in
vitro, emotions vives et assumees. sans doute n irai je pas. toujours la
meme monogamie instantanee que je ne sais pas modifier quand la rencontre
me chavire, me retourne lorsque mon coeur se bat pour s extirper de mon
corps tout entier.
je conttracte mes muscles tout entier pour vivre les ressentis qui
tranpercent sans retenue mes doigts, mes yeux, mon thorax, oui mon
thorax, comme bouclier, mur vertebre, maton des mes souvenirs...
prenez soin de vous
je vous legue un peu de ma vie
antoine/riko
++++++++++++++
Date: Aug 14, 2006 9:34 AM
Subject: 5,6, 7, 8 israel is a fascist state...
voila la fin annoncee de mon voyage dans le centre mediatique de la misere.
ces derniers jours ont ete comment dire, epoustoufflant, violent,
terrifiant.
jamais je ne m etais senti autant en danger face a des representants de l
ordre. la violence n appartient qu a ceux qui l exercent...
demonstration a jerusalem pour les droits des gays et des lesbiennes et
des trans'.
certains d entres nous etaient a jerusalem la veille pour participer a
certaines a activites. j ai prefere pour ma part rester a tel aviv pour
finir les banderolles, sucettes et compagnie. j ai pu ainsi aller a une
projection d un film au squat. l immense batiment possede comme une cour
d ecole avec de larges ouvertures sur la rue. tapis, the, et chicha
rendent plus que confortable la projection auxquelles assistent enfants,
vieux, punks etc. une mixite drole pour un film israelien culte auquel je
n ai rien compris.
et puis voulant regagner le centre de tel aviv, je croise jo et oren et
puis moshe, or et d autres. le sud de tel aviv est devenu en 2 semaines un
qg tiede ou on se sent comme chez soi. sentiment puissant d appartenance
lorsque des rues apparaissent des amies, des connaissances.
tel aviv est devenu pour moi comme une confidence, je parcoure a velo ses
rues encombrees, evitent les taxis enerves, sais ou est mon houmous
prefere...
la demonstration a jerusalem laissait presager un certain calme, police
presente pour nous proteger. cela fait maqintenant 2 semaines que nous
nous battons pour denoncer aussi la guerre et le fascisme ambiant. il nous
parut a tous evident de preparer slogans et banderolles critiquant l
injuste situation. nous arrivons ainsi sur le lieu statique de la demo. un
bout de jardin public coince entre une station service et des arbres qui
nous cachent si bien. de nombreux vehicules de police achevent toute
tentative de visibilite. nous sommes alors qq centaines a crier, lent
mouivement dans cet espace restreint. je ressent une certaine tension
lorsque notre black et pink bloc de queerution commence scander des
slogans anti guerre. la police se rapproche et se fait plus arrogante et
puis hop, soudain, ils se mettent a nous pousser, a battre certains d
entres nous. cela ne dura pas longtemps, juste assez pour que la pride
officiel demande a ses participants de quitter la manifestation. grand
sentiment de solitude, nous sommes abandonnes a notre triste sort d
activistes. puis pendant une bonne heure, les militaires nous mettent la
pression, nous poussent encore, certains s aasoient pour protester contre
ce traitement honteux. une situation humiliante car on peut voir a quelle
point la police se fait un reelle bonheur de nous taper. deux d entres
nous sont arretes. nous devons partir du lieu. tout va tres vite. nous
tentons de nous reunir pour faire le point apres cettte furieuse
deconvenue, pas si surpris cependant...
apres un metting improvise, nous restons une vingtaine pour attendre,
solidarite oblige, devant le poste de police ou sont detenus nos
camarades. il parait pour les israeliens comme une activite quotidienne
que d atttendre devant les postes de polices la liberation de ceux qui ont
ete pris.
1 heure plus tard, nous accueillons chaleureusement nos deux rescapes. les
tensions en israel sont incroyables, on ne peut pas dire ce que l on veut,
la police est si puissante, angoisse totale, combat sns fin pour mes chers
israelins sans cesse en action. j admire la foi et l abnegation de
ceuxcelles qui ici, jamais n abandonne....
il n est pas bon d etre un pd ou guoine ou trans de gauche par ici...
enfin le lendemain, j allais definitivement decouvrir une partie du visage
d israel encore plus terrifiant, pas que je ne l imaginais pas, mais j
allais l experimenter...
en route pour bil in, village palestinien en territoire occupe ou depuis
voila plus d un an, des manifestions sont organises pour denancer le mur
qui a absorbe plus de 80 pour cent des terres du village.
incroyable dispositif pour ce rendre la bas. nous avions ete prepare par 2
ateliers.
le long d une grande route vide, nous devons descendre precipitemment et
grimper le long d une colline seche, aride ou l on croise des familles
entieres a l ombre des arbres decharnes.
de la, des bus nous attendent pour nous amener jusqu a bil in. nous y
voila, petit village, a moitie construit, a moitie detruit. nous sommes
assez nombreux, peut etre 120. je quitte le groupe pour aller boire un the
avec lisar qui oeuvre dans les territoires depuis longtemps. accueil tres
chaleureux dans un petite maison. un fils en prison, un fils paralyse
apres une balle de tsahal lorsd e la seconde intifada. et tpurtant ils
sourient, heureux d etre soutenus, ecoute. en fond, des images de
laguerre, beiroouth en feu, des corps partout sans vie. et ces femmes qui
nous servent, patriarcat, tout se melange, tant de luttes, je bois mon
the, j ecoute ces mots que je comprend pas.
un mariage se prepare un peu plus loin, des enfants en habits du dimanche,
des sourires, il fait chaud. enfin, nous partons vers le mur, grillges le
long d une route pour dire non. nous nous engageons le long d un petit
chemin. nous savions que l armee sait etre brutale, soundbomb, lacrymo,
balles plastique...
a peine nous avoancons, loin du mur qu eclatent ces bombe inoffensive,
mais faisant un bruit incroyable. nous reculons, certains avancent, c est
come une guerre, on se cache, saute dans les bas cotes... et puis
commencent a fuser les rubber bullet, qui peuvent ausi tuer. je vois
certains revenuir du front du sang partout, ca crie, on essaie de ne pas
courir.. et puis limor, on sait qu il a ete touche a la tete... l armee
refuse de l evacuer, encore du sang et du bruit. j entend siffler autour
de mes oreilles ces balles qui ne doivent pas etre tirer a moins de 50
m... ils sont a 10 metres, ces enfants en kaki, armes jusqu au dent.. et
puis des palestiniens commencent a jeter des pierres, je suis entre eux et
les soldats, que faire...
apres 30 min d affrontents, la manif est terminee, limor a une balle dans
la tete. il faudra atetndre 24 heures pour etre sur qu il survivra...
je n avais jamais vecu ca auparavent, violence disproportionnee,
guerrilla sans arme... terrifiant.
en remontant au village, sans meme avoir atteind le mur, on celebre les
nouveuax maries... la vie continue....
queeruption est terminee, encore qq jours ici, je suis plein de je ne sais
pas trop quoi, intense, dramatique, la guerre est peut etre finie. je suis
triste de quitter cette vie, ces gentes, ces amours...
l illusion d un reglement des conflits me semblent incroyable, seulement
envie de se battre encore plus.
je n aurais jamais donner assez de baiser a tous ceuxcelles avec qui j ai
ri, pleure, fait l amour...
sans doute ai je change...
baisers a tout e s
antoine
|